đŸ’„ CamaĂŻeu, KookaĂŻ, Go Sport 
 certains diront que les entreprises de retail « tombent Â» les unes aprĂšs les autres. Des procĂ©dures de redressement judicaire sont ouvertes pour les unes, des procĂ©dures de liquidation judiciaire pour les autres.

Dans le contexte Ă©conomique actuel, le premier rĂ©flexe serait de dĂ©signer la crise du Covid 19 ou le conflit ukrainien comme principaux responsables de ces dĂ©faillances en chaĂźne. Cependant il serait intĂ©ressant d’investiguer plus en profondeur sur les raisons de ces diffĂ©rentes faillites. En effet, il apparait qu’un certain nombre de ces entreprises possĂšdent une caractĂ©ristique commune : elles ont fait l’objet d’un LBO au cours de leur existence.

Mais en rĂ©alitĂ©, c’est toute une controverse qui se dessine Ă  travers certaines faillites, sans compter l’impact de certains secteurs plus que d’autres.

Il y a de belles histoires, et d’autres plus douloureuses, notamment dans le retail. 

Tout n’est pas affaire de LBO, mais il y a des considĂ©rations intĂ©ressantes Ă  prendre en compte, dans l’attractivitĂ© du LBO, dans l’énergie dĂ©ployĂ©e, dans la prise de risque, dans les mauvaises affaires, et dans les raisons qui poussent ou non Ă  reprendre une entreprise via un LBO.

  1. Un mode de financement reposant essentiellement sur l’endettement

❓Qu’est-ce qu’un LBO ?

Le « Leveraged by-out » [1], plus communĂ©ment appelĂ© LBO, dĂ©signe un montage financier de rachat d’entreprise par effet de levier. C’est un mode de financement des entreprises qui consiste Ă  prendre le contrĂŽle d’une sociĂ©tĂ© dite « cible Â» via l’intermĂ©diaire d’une sociĂ©tĂ© holding. Cette acquisition est financĂ©e majoritairement via l’emprunt, et les Ă©chĂ©ances seront remboursĂ©es par les remontĂ©es de trĂ©sorerie (dividendes) de la sociĂ©tĂ© rachetĂ©e (filiale) dite plus communĂ©ment la « cible Â», vers la sociĂ©tĂ© holding.  

💱 En clair, la cible doit pouvoir compter sur une importante trĂ©sorerie, ou encore, gĂ©nĂ©rer des bĂ©nĂ©fices consĂ©quents permettant de couvrir ces fameuses Ă©chĂ©ances de prĂȘt.

Il faut savoir qu’on trouve 3 formes principales de LBO :

  • LMBO « Leverage Management Buy Out Â» lorsque l’entreprise est rachetĂ©e par l’équipe cadres dirigeants ne dĂ©tenant toutefois pas d’actions dans l’entreprise,
  • Le LMBI « Leverage Management Buy-In » lorsque l’entreprise est rachetĂ©e par des cadres appartenant Ă  une entreprise diffĂ©rente de la cible,
  • Le BIMBO (sans jeu de mot) « Buy In Management Buy Out Â» lorsque l’entreprise est rachetĂ©e Ă  la fois par des cadres de l’entreprise et par des cadres extĂ©rieurs.

Le LBO et les avantages attendus

On Ă©voque principalement l’effet de levier financier liĂ© au financement du rachat de l’entreprise cible par le prĂȘt bancaire.

💰 Plus prĂ©cisĂ©ment, la rentabilitĂ© financiĂšre d’une opĂ©ration de LBO est le rapport bĂ©nĂ©fices sur capitaux propres engagĂ©s. Les emprunts permettant de diminuer les capitaux propres engagĂ©s lors de l’acquisition (les fonds propres ou apport personnel). Et nĂ©cessairement, plus cet apport personnel diminue, plus la rentabilitĂ© financiĂšre augmente.

🕳 Un autre avantage attendu, c’est la possibilitĂ© de bĂ©nĂ©ficier d’un rĂ©gime de faveur de l’intĂ©gration fiscale. Une seule entitĂ© fiscale, paie l’impĂŽt sur les sociĂ©tĂ©s avec toutes les compensations entre les bĂ©nĂ©ficiaires et les dĂ©ficitaires (quand dans un groupe il y a plusieurs filiales dont sociĂ©tĂ© rachetĂ©e. Question attention, de dĂ©tention d’au moins 95 % des titres de la filiale la fameuse cible, toujours !

Apparues en France dans les annĂ©es 1980, en provenance des Etats-Unis, les opĂ©rations de financement par effet de levier n’ont cessĂ© de voir leur cote de popularitĂ© croĂźtre.

En 2017, prĂšs de 337 opĂ©rations de LBO ont Ă©tĂ© comptabilisĂ©es en France, soit 62% de plus qu’au cours de l’annĂ©e 2013[2]. On note toutefois que ces opĂ©rations diminuent depuis.

AprĂšs deux annĂ©es 2018-2019 record pour le nombre LBO rĂ©alisĂ©es en France, avec plus de 240 opĂ©rations annoncĂ©es chaque annĂ©e et dĂ©jĂ  en chute par rapport Ă  2017, 2020 affichait un nombre d’opĂ©rations dĂ©cevant de 159, performance annuelle la plus faible depuis 2014. LBO moins en vogue ?

🕘 Un certain nombre de sociĂ©tĂ©s ont fait l’objet d’un LBO au cours de ces derniĂšres annĂ©es. En l’espace de 20 ans, par exemple, le groupe Picard a enchainĂ© trois LBO successifs. D’autres sociĂ©tĂ©s telles qu’Histoire d’Or ou le groupe Kiloutou ont fait l’objet d’un rachat par effet de levier. Dans le domaine du retail, on peut citer des enseignes telles que CamaĂŻeu, La Halle ou encore Vivarte, anciennement Groupe AndrĂ©.

2. L’impact LBO : une controverse

Des indicateurs Ă©conomiques

 Il y a une thĂ©orie selon laquelle l’augmentation du risque de dĂ©faillance, proportionnelle au niveau d’endettement, serait attĂ©nuĂ© par l’amĂ©lioration de la gouvernance et de la performance Ă©conomique de l’entreprise, au moins Ă  la phase dite « primaire Â» du LBO. Cela a en tout cas Ă©tĂ© Ă©tudiĂ© par de nombreux Ă©conomistes.

đŸ™â™€ïž Par exemple on peut citer une Ă©tude de 2014 « le cas des entreprises françaises Â» (BODU, Nicolas, et PALARD, Jean-Etienne) qui reporte qu’une entreprise sur dix rachetĂ©e par un fonds de Private Equity entre 2000 et 2007 aurait fait faillite dans les 5 ans post-rachat, tandis que ces entreprises ne prĂ©sentaient vraisemblablement aucun indicateur Ă©conomique dĂ©gradĂ© avant l’élaboration du montage.

 De plus, le taux de dĂ©faillance aurait Ă©tĂ© positivement corrĂ©lĂ© avec le niveau d’endettement post-acquisition et le niveau de la rentabilitĂ© Ă©conomique (ROCE) avant et aprĂšs le rachat en LBO.

 đŸ’č La rĂ©duction de l’investissement au cours de la pĂ©riode post LBO a Ă©galement Ă©tĂ© identifiĂ©e dans plusieurs Ă©tudes Ă©conomiques et a Ă©tĂ© assimilĂ©e comme un facteur de risque supplĂ©mentaire sur la performance de long terme de la sociĂ©tĂ©.

Au contraire, d’autres Ă©tudes rĂ©alisĂ©es par l’AFIC (Association Française du Capital Investissement) et le cabinet Ernst & Young, mettent en exergue les mĂ©rites du LBO en tant que vecteur de croissance incontestable des PME-ETI via l’amĂ©lioration des rĂ©sultats opĂ©rationnels que cela gĂ©nĂšre, le soutien massif Ă  la R&D et la croissance des effectifs rĂ©alisĂ©e.

đŸ’« Aussi il y a des atouts en terme de crĂ©ation de valeur, la fameuse croissance de l’EBITDA.

On fait Ă©galement rĂ©fĂ©rence, dans le monde de la finance, Ă  l’effet multiple, de « dĂ©leveraging Â» soit maximiser l’effet de levier, qui peut aussi sĂ©duire les pouvoirs publics. Il s’agit d’un soutien Ă  la consolidation des entreprises et donc Ă  la croissance d’un pays.

En clair, le LBO ne s’explique pas en une ligne de financement…c’est plus qu’un concept, des rĂ©flexions, montages, des investissements et des stratĂ©gies qui peuvent varier en fonction de la cible, du secteur, et de la conjoncture.

Le LBO Ă  l’origine de nombreuses dĂ©faillances ?

♟ La mise en place d’un LBO impose certaines contraintes Ă  la sociĂ©tĂ© cible qui peuvent Ă  terme lui ĂȘtre prĂ©judiciables. Et Ă©videmment, cela reste une prise de risque.

En effet, le Leveraged by-out est une mĂ©thode de financement qui repose sur un endettement massif. La sociĂ©tĂ© holding crĂ©Ă©e Ă  l’occasion va s’endetter gĂ©nĂ©ralement auprĂšs des banques afin d’acquĂ©rir la sociĂ©tĂ© cible. Ainsi, pour purger sa dette auprĂšs de ses crĂ©anciers, la holding va s’appuyer sur la trĂ©sorerie de sa filiale pouvant amener Ă  certaines difficultĂ©s.

đŸšŁâ™‚ïž Le risque majeur comme vu plus haut, est donc liĂ© aux bĂ©nĂ©fices surestimĂ©s de la cible, ne permettant plus d’honorer les Ă©chĂ©ances du prĂȘt Ă  l’origine du LBO. Et la holding ne pouvant plus s’en sortir.

Dans certaines situations, il arrive que le LBO ait contribuĂ© Ă  l’étouffement financier de la sociĂ©tĂ© cible entraĂźnant des rĂ©percussions sociales fortes. Effectivement, les repreneurs, dans un souci de remboursement de leurs dettes, peuvent ĂȘtre amenĂ©s Ă  abuser des remontĂ©es de trĂ©sorerie au point de contrevenir Ă  l’intĂ©rĂȘt social de la sociĂ©tĂ© cible.

đŸ’± Or, la sociĂ©tĂ© cible a besoin de cash-flow pour continuer Ă  ĂȘtre viable. Le manque de trĂ©sorerie entraine par effet de cascade des rĂ©sultats financiers en baisse qui eux-mĂȘmes provoquent une diminution de la trĂ©sorerie disponible de la sociĂ©tĂ© cible.

🐍 C’est donc le serpent qui se mord la queue 


De surcroĂźt, ces restrictions Ă©conomiques imposĂ©es Ă  la sociĂ©tĂ© cible ont des consĂ©quences au niveau social, dĂšs lors que les premiers acteurs touchĂ©s par cette gestion sont gĂ©nĂ©ralement les salariĂ©s. Afin de rĂ©duire les coĂ»ts et de faire des Ă©conomies, des postes peuvent ĂȘtre supprimĂ©s et les Ă©quipes remaniĂ©es.

Les fortes pressions exercĂ©es par la holding sur sa filiale peuvent conduire celle-ci dans une spirale nĂ©gative provoquant Ă  terme des difficultĂ©s financiĂšres et sociales. Les entreprises et les salariĂ©s sont sacrifiĂ©s au profit des intĂ©rĂȘts de certains repreneurs.

😆 Un autre risque, peut ĂȘtre liĂ© au changement de l’équipe de direction crĂ©ant des perturbations avec l’équipe dĂ©jĂ  en place, les partenaires, les clients, en clair, niveau interne et externe. Il faut une Ă©quipe solide pour conserver la clientĂšle, reprendre en main l’activitĂ© sans dĂ©lai


3. L’affaire CAMAIEU fait beaucoup parler d’elle, et pas que…

Une victime emblématique

Le groupe CamaĂŻeu est sans doute l’une des victimes des LBO les plus emblĂ©matiques[3].

✌ CamaĂŻeu avait Ă©tĂ© Ă©luĂ©e premiĂšre chaĂźne française en matiĂšre d’habillement fĂ©minin en 2008 avec un succĂšs fulgurant


 L’entreprise de prĂȘt-Ă -porter, fondĂ©e en 1984, ses fondateurs ayant cĂ©dĂ© leurs parts en 2005 au fonds d’investissement La FinanciĂšre Addax (Axa Private Equity) puis au fonds Cinven 2007, valorisant ainsi CamaĂŻeu dans un LBO Ă  1,6 milliards d’euros selon nos sources.

Les investisseurs (toujours selon nos sources) attendaient un rendement interne de 10 % contre 4 % au moment de la valorisation, grñce à l’expansion à l’international.

 Mais CamaĂŻeu a fermĂ© ses portes le 1er octobre en 2022, Ă  la suite de la liquidation judiciaire prononcĂ©e Ă  son encontre, par le Tribunal de commerce de Lille.

 Pour un peu mieux comprendre ce sac d’embrouilles…quelques pistes…

👘 MĂȘme si la marque a Ă©tĂ© considĂ©rablement impactĂ©e par la Crise du Covid 19 ainsi que par les Ă©volutions des modes de consommation, les premiĂšres difficultĂ©s de CamaĂŻeu sont apparues Ă  l’occasion du LBO engagĂ© en 2007. Les annĂ©es 2010 de CamaĂŻeu sont marquĂ©es par une rĂ©duction progressive des coĂ»ts et de maigres investissements entraĂźnant de nombreuses difficultĂ©s qui finiront par avoir raison de l’entreprise.

đŸ’„ On parle de l’échec du processus de dĂ©sendettement (1 milliard pour 750 millions de chiffre d’affaires annuel et 85 millions d’EBE en 2016). On peut rappeler qu’en 2018 le groupe avait d’abord Ă©tĂ© placĂ© sous sauvegarde par le tribunal de commerce de Lille (sociĂ©tĂ© Modacin holding financiĂšre de l’enseigne.

⚡ Il est ressorti de cette affaire que mĂȘme si la rentabilitĂ© progressait, cela permettait dĂ©jĂ  de rembourser les intĂ©rĂȘts de la dette, CamaĂŻeu souffrant d’un LBO antĂ©rieur effectuĂ© tandis que le marchĂ© de l’habillement Ă©tait dĂ©jĂ  en perte de vitesse depuis 2008. MarchĂ© contraint et trĂšs concurrentiel.

Ce qui a abouti Ă  une convertibilitĂ© de la dette en capital au profit des crĂ©anciers seniors (les amĂ©ricains Farallon, Carval et l’europĂ©en CVC) en 2018 qui apporteront de leur cĂŽtĂ© 35 Ă  45 millions d’euros en capital Ă  l’enseigne pour la relancer. 

Et puis 2020, impact crise Covid-19, fermeture de 800 magasins Ă  travers le monde
.des Ă©conomies n’empĂȘchant pas l’ouverture d’un redressement judiciaire. L’enseigne a perdu 95 % de son chiffre d’affaires entre mars et avril 2020 soit un manque Ă  gagner de 162 millions d’euros.

Le dĂ©fi OHAYON – BERCY : un rendez-vous manquĂ© face Ă  une conjoncture toxique

đŸ‘šâš–ïž La justice a confiĂ© les rennes Ă  Michel Ohayon, cet homme d’affaires qui dirige la FinanciĂšre ImmobiliĂšre Bordelaise. Sa filiale Hermione people and brands possĂšde notamment La Grande RĂ©crĂ©, Go Sport, Gap France et plusieurs Galeries Lafayette (en difficultĂ© Ă©galement en 2023 malheureusement…).

CamaĂŻeu ce sont :

  • Une dette abyssale de 240 millions d’euros qui plombe le sujet,
  • Une enseigne (comme tant d’autres du retail) fragilisĂ©e par la crise sanitaire,
  • Sans oublier la cyberattaque de grande ampleur (40 millions d’euros),
  • Et Ă©videmment, pour couronner le tout, l’augmentation des matiĂšres premiĂšres

  • Ah non, cela ne s’arrĂȘte pas lĂ …en rappelant Ă©galement les consĂ©quences de l’arrĂȘt de la Cour de cassation contraignant les commerces dits non-essentiels qui avaient dĂ» fermer lors du 1er confinement Ă  payer leurs loyers : 70 millions d’impayĂ©s


A cela viennent s’ajouter les pertes d’exploitation de 93 millions pour 333 millions de CA sur la pĂ©riode de 16 mois depuis la reprise de l’enseigne par l’homme d’affaires.

Et parallĂšlement, en aoĂ»t 2020 CamaĂŻeu International Ă©tait accusĂ© de vider les caisses des filiales belges, luxembourgeoises et suisses afin de pouvoir les dĂ©clarer en faillite
selon nos sources
.soit une prĂ©somption de « faillite organisĂ©e Â» pour Ă©viter de lancer un plan couteux de licenciements et de leverager les bĂ©nĂ©fices


Finalement 2022, juillet, sera ouvert le redressement judiciaire.

🆘 Monsieur Ohayon aurait fait appel au CIRI (ComitĂ© InterministĂ©riel de Restructuration Industrielle) pour obtenir un prĂȘt de 48 millions d’euros auprĂšs de l’Etat. D’aprĂšs nos sources, l’actionnaire aurait promis d’apporter 5 millions d’euros et d’obtenir 14 millions d’euros de la vente d’actifs immobiliers Ă  Roubaix, siĂšge de l’entreprise, pour financer son plan de relance.

Bercy n’aurait pas jugĂ© rĂ©aliste cette demande de prise en charge des 2/3 de l’apport nĂ©cessaire sans compter l’abandon de dettes publiques existantes.

Bercy ajoutant que dĂ©jĂ  40 millions d’euros d’aides publiques auraient Ă©tĂ© apportĂ©es depuis le dĂ©but de la crise sanitaire Ă  l’enseigne. 

CamaĂŻeu, de charybde en scylla, n’aura pas rĂ©sistĂ© Ă  ce modĂšle, et face Ă  un marchĂ© du textile et de l’habillement -hors certains dans le Luxe-, qui s’effondre.

Date fatidique : 28 septembre 2022, liquidation judiciaire, 512 magasins fermĂ©s, 2600 salariĂ©s licenciĂ©s et une mise en cause de l’actionnaire
à suivre
 

4. Vers la protection des entreprises ?

Des solutions encadrĂ©es et d’encadrement a posteriori

💩 Face Ă  ce risque, quelles solutions existent pour ces entreprises et leurs employĂ©s, victimes de cette gestion que certains  critiques qualifieront de « dĂ©raisonnable Â» ?

đŸ‘šđŸ« Le lĂ©gislateur a prĂ©vu la possibilitĂ© d’intenter une action en responsabilitĂ© contre un dirigeant pour insuffisance d’actif (Article L 651-2 du Code commerce). Cette action a pour but de faire supporter au chef d’entreprise les consĂ©quences des actes de gestion ayant entraĂźnĂ© l’état de cessation des paiements de la personne morale.

Toutefois, en pratique, cette action prĂ©sente un domaine d’application assez restreint dans la mesure oĂč l’action en responsabilitĂ© pour insuffisance d’actif ne peut ĂȘtre intentĂ©e Ă  l’encontre d’un dirigeant que dans le cadre d’une liquidation judiciaire. Par ailleurs, seul le mandataire judiciaire et le ministĂšre public sont habilitĂ©s Ă  saisir le tribunal. Le Code de commerce octroie Ă©galement cette prĂ©rogative aux crĂ©anciers nommĂ©s contrĂŽleurs, mais seulement sous certaines conditions[4].

In fine, c’est le juge qui a le pouvoir de protĂ©ger les entreprises et ses salariĂ©s.

đŸ‘źâ™€ïž Cette question est d’autant plus pertinente qu’actuellement l’enseigne Go sport, dĂ©tenue par Hermione People & Brands, fait l’objet d’une enquĂȘte pour escroquerie en bande organisĂ©e [5]. Des flux financiers douteux sont au cƓur des dĂ©bats. Effectivement, alors qu’elle Ă©tait en proie Ă  des difficultĂ©s financiĂšres, la sociĂ©tĂ© Go sport a effectuĂ© des transferts d’argent importants vers CamaĂŻeu et Gap France, deux sociĂ©tĂ©s appartenant Ă©galement au groupe Hermione People & Brands, propriĂ©tĂ© de Michel Ohayon. PlacĂ©e en procĂ©dure de redressement judiciaire au cours du mois de janvier dernier, la sociĂ©tĂ© Go Sport serait-elle une Ă©niĂšme victime de la mauvaise gestion de ses dirigeants ?

5. La possibilitĂ© d’une gestion vertueuse

Un accélérateur de croissance

🏍 Bien que les rachats par effet de levier puissent donner lieu Ă  des abus de la part des repreneurs sur les sociĂ©tĂ©s cibles, le LBO peut s’avĂ©rer ĂȘtre un rĂ©el accĂ©lĂ©rateur de croissance Ă©conomique. En effet le LBO prĂ©sente la particularitĂ© d’associer dĂšs le dĂ©part l’équipe de direction de la holding et les actionnaires. Ainsi, l’acquisition d’une entreprise via un LBO est souvent synonyme d’un vĂ©ritable projet collectif, dirigeants et investisseurs agissant dans une direction commune.

En somme, le LBO est tantĂŽt un crĂ©ateur d’emploi et Ă  l’origine d’innovations, tantĂŽt il est l’amorceur de la faillite 


On pourra citer, alors certes pas dans le retail, mais dans le « glaçon Â»â€Š.l’affaire PICARD qui revient de loin, et pour le meilleur.

PICARD

Au 1er rang, ou parmi les meilleurs, PICARD et ces 1 100 magasins Ă  travers la France, 1,5 milliards d’euros en 2018 de chiffre d’affaires, est le chef de file français du secteur qui contrĂŽlait prĂšs de 20 % du marchĂ© en 2014.

🧊 Picard : une histoire sur 20 ans avec 3 LBO successifs. Selon nos informations, voici la frise chronologique…

2001 : Carrefour dĂ©tenant 79 % du capital revendait sa participation pour 920 millions d’euros Ă  un groupe d’investisseurs menĂ© par le fonds anglais Candover et associĂ© Ă  la famille DECELLE (qui possĂ©dait le reliquat de capital depuis 1973) et au management.

2004 : BC Partners rachetait l’entreprise pour 1,3 milliards d’euros et ce second LBO.

2008 : en avril le PDG et successeur Xavier Decelle se faisait Ă©vincer par l’actionnaire principal BC Partners.

2010 : le fonds britannique Lion Capital et BC Partners annonçaient ĂȘtre en nĂ©gociation pour la cession de Picard avec 1,5 milliards d’euros de transaction envisagĂ© pour le 3Ăšme LBO.

2015 : Lion Capital cĂ©dait 49 % du capital Picard Ă  un industriel boulanger suisse, Aryzta pour 446,6 millions d’euros.

⛄ Picard SurgelĂ©s s’est rĂ©endettĂ© Ă  hauteur de 790 millions d’euros, augmentant son endettement de 88 % et affectant 602 millions au paiement d’un dividende Ă  son actionnaire Lion Capital.

Aryzta en difficultĂ©s financiĂšres a envisagĂ© en 2017 une cession de ses actifs dans Picard et avait mandatĂ© Rothschild banque d’affaires pour rĂ©flĂ©chir Ă  des options stratĂ©giques concernant l’avenir du groupe.

Au terme de 3 annĂ©es d’attente, c’est le groupe familial Zouari principal franchisĂ© de Casino pour les enseignes Monoprix et Franprix, quoi a fait officiellement l’acquisition de 43 % du capital de l’enseigne de surgelĂ©s pour un montant de 
156 millions d’euros.

Une destruction de valeur pendant quelques années, ont pu dire certains, et une fin plus heureuse.

Au dĂ©part, l’accaparement de la direction, avec une dette colossale avec finalement la fermeture d’un chapitre dĂ©licat…puis…rebond…permettant Ă  l’équipe exĂ©cutive de se concentrer sur la remise en forme de l’entreprise, des investissements stratĂ©giques nĂ©cessaires pour accompagner la rĂ©volution digitale PICARD.

Conclusion

📚 En conclusion, le LBO reprĂ©sente un rĂ©el soutien Ă©conomique pour certaines entreprises, qui doit ĂȘtre utilisĂ© dans certaines proportions, non spĂ©culatives (pas purement)
.et doit pouvoir assurer l’innovation, la crĂ©ation de valeur, l’emploi, mais aussi le dĂ©veloppement Ă  l’interne comme Ă  l’international.

Le LBO doit assurer la reprise d’entreprises ou leur transmission patrimoniale, ou interprofessionnelle.

Ensuite il y aura le contexte conjoncturel, macro et microĂ©conomique : la concurrence joue, certains blocages de prix jouent, la survalorisation de cibles agissent, de mĂȘme que la reconduction d’effets de levier qu’il faut mesurer prĂ©alablement.

L’endettement massif de groupes de grande envergure peut ĂȘtre fatal, avec des perspectives irrĂ©alistes de croissance.

đŸ‘©đŸ”§ Une rentabilitĂ© surĂ©valuĂ©e peut entraĂźner une pratique consistant Ă  rĂ©affecter des bĂ©nĂ©fices groupes au remboursement de la dette en prioritĂ© et ce au dĂ©triment de la capacitĂ© d’investissement.

C’est ainsi un outil risquĂ© de « concentration Â».

Par ailleurs, le niveau des taux d’intĂ©rĂȘts, la bonne santĂ© des sous-jacents peuvent assurer un certain Ă©quilibre. Mais en cas de rĂ©cession Ă©conomique, remontĂ©e des taux d’intĂ©rĂȘts, crise financiĂšre, cela peut aboutir Ă  l’éclatement de la bulle (on en a connu certaines
et ce n’est pas fini
) qui peut dĂ©contenancer les prix des actifs, Ă  la baisse, agiter le passif qui s’aggrave, avec un niveau d’emprunts dĂ©passant la valeur rĂ©elle de ces biens.

Donc tout dĂ©pend beaucoup du niveau de cash flow
avec un montage financier fragilisĂ© en cas de retournement, et par consĂ©quent dĂ©multipliant le risque de faillite.

 đŸ’­ Repensons Ă  2008, bulle de valorisation sur le marché avec des montants annuels de service de la dette trop Ă©levĂ©s au regard de la rentabilitĂ© des cibles.

2023 sera l’annĂ©e de…..Ă  suivre sur MesAcquisitions.

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Article co-rédigé par Candice COHEN-LOUYOT et Erwan Gueuyou

[1] https://entreprendre.service-public.fr/vosdroits/F31713

[2] https://www.daf-mag.fr/Thematique/fonction-finance-1242/Breves/LBO-anticiper-sortie-reussie-339559/all.htm

[3] https://www.lesechos.fr/industrie-services/mode-luxe/exclusif-camaieu-passe-au-main-de-ses-creanciers-240522

[4] https://www.actu-juridique.fr/affaires/responsabilite-pour-insuffisance-dactif-precision-sur-la-notion-de-simple-negligence/#:~:text=Cr%C3%A9%C3%A9e%20par%20la%20loi%20du%2016%20novembre%201940%2C,qui%20auraient%20contribu%C3%A9%20%C3%A0%20la%20cessation%20des%20paiements

[5] EnquĂȘte ouverte pour « escroquerie en bande organisĂ©e » au sein de Go Sport, propriĂ©tĂ© de Michel Ohayon (latribune.fr)

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Le statut est en ligne

Candice Cohen-Louyot

Co-fondatrice MesAcquisitions LA place de marchĂ© des entreprises et des actifs de 2nde main🚀Professionnels, particuliers ou experts, inscrivez-vous et ayez accĂšs aux entreprises/matĂ©riel/immeuble/commerce/incorporel


PubliĂ© ‱ 53 s

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đŸ’«đŸ’š Un sujet complexe : Rachat d’entreprises via LBO : toute la controverse du moment…Ă  retrouver dans notre article pus que jamais d’actualitĂ©, une actualitĂ© qui dure, qui perdure et qui est dure Ă  vivre pour certains secteurs. 🆘 Retail : SOS…pas pour tous, mais tout de mĂȘme cela commence Ă  faire beaucoup… 📚 Aussi, je vous propose de lire sans modĂ©ration cet article que j’ai prĂ©parĂ© avec Erwan Gueuyou : une approche transversale, des faits, un peu de technique, des Ă©tudes qu’on a lues et relues, pour en faire ressortir des axes de rĂ©flexion. Des approches. En retraçant certaines aventures, de đŸ„‹ CamaĂŻeu en passant par 🍧 Picard… Tous vos commentaires sont les bienvenus, le sujet n’est pas le plus simple, alors comme j’aime tout ce qui est compliquĂ©, on devait l’Ă©crire avec Erwan. 💕 Merci encore pour tous ceux qui nous font dĂ©jĂ  confiance chez MesAcquisitions.com : Ă©crire c’est donner du sens, de la pĂ©dagogie. C’est toute notre approche terrain parce que c’est en comprenant qu’on pourra reprendre de maniĂšre plus Ă©clairĂ©e. Et pour rejoindre MAQ en tant qu’acheteur profane, habituĂ©, ou expert pour accompagner nos repreneurs, l’inscription est gratuite : 🆓 https://lnkd.in/e7Bu2QgM