Le cabinet d’audit et de conseil EY s’apprête à réunir, au mois d’octobre prochain, entrepreneurs et investisseurs afin de se pencher sur la problématique des procédures collectives affectant le monde des startups.
En effet, la French Tech et ses entrepreneurs voient depuis quelques mois une véritable crise du financement s’installer. En témoigne, par exemple, l’ouverture d’une procédure de redressement judiciaire en juillet 2023 de la société Hopium (premier constructeur français de véhicules haut de gamme propulsés à l’hydrogène, fondé en 2019 par le pilote de course Olivier Lombard) ou encore de la plateforme numérique d’intérim Iziwork (créée en 2018 par Alexandre Dardy et Mehdi Tahri). Cette dernière était entrée en conciliation afin de faire face à la baisse de financement et de pouvoir soutenir sa dette. Cette dette, levée pendant le Covid, a conduit les dirigeants d’Iziwork à chercher un nouvel acquéreur. Mais, le rachat initialement envisagé par le groupe Proman n’ayant pas eu lieu, Iziwork a finalement été placée en redressement judiciaire le 12 septembre 2023.
Quelles sont les entreprises faisant l’objet de procédures collectives ?
Il convient d’abord de souligner que les PME et TPE ne sont pas les seules actrices impactées par la conjoncture économique actuelle. Le nombre d’entreprises faisant l’objet d’une procédure collective dans le paysage économique français est en augmentation, toute catégorie confondue.
Au 19 décembre 2022, le Conseil National des Administrateurs Judiciaires et des Mandataires Judiciaires dénombrait 39 278 ouvertures de procédures collectives depuis le début de l’année 2022 (soit une hausse de 42,5% par rapport à 2021). Le premier semestre de 2023 s’inscrit dans cette même tendance, avec l’ouverture de 4 135 nouvelles procédures collectives pour le mois de juillet 2023, soit une hausse de 21,8% par rapport à juillet 2022.
Mais, ce phénomène se fait plus particulièrement sentir auprès des startups françaises, victimes de la crise du financement qui sévit depuis plusieurs mois. De ce fait, le montant total des levées de fonds au premier semestre 2023 était de 4,2 milliards d’euros, témoignant d’un recul de 49 % par rapport à l’année précédente. Les entrepreneurs peinent de plus en plus à trouver de nouveaux investisseurs, et depuis plus de 6 mois les tours de table à plus de 10 millions sont devenus des exceptions.
Bien que cette crise affecte toutes les entreprises et tous les secteurs, elle demeure évidemment plus rude pour les jeunes entreprises. Alors que les séries D et plus ont moins de difficultés à lever des fonds et disposent de plus de solutions alternatives (telles que la dette, l’autofinancement…), les séries A rencontrent plus d’obstacles. C’est pourquoi de nombreuses startups doivent désormais renoncer à leur projet moins de 5 ans après leur lancement.
Comment expliquer ce phénomène ?
Les chiffres actuels témoignent d’un véritable bousculement de l’écosystème des startups, contre lequel de nombreux entrepreneurs n’étaient pas préparés. Ces derniers combinent aujourd’hui dettes et reports d’activité de la période COVID, et ne sont donc en mesure de faire face au ralentissement des financements.
Le manque d’expérience de nombreux entrepreneurs est source de problèmes d’anticipation et de trésorerie. Ces jeunes dirigeants, qui n’ont connu jusqu’à présent qu’une conjoncture favorable, découvrent aujourd’hui la crise.
Par ailleurs, les levées de fonds ont baissé de 50 % au premier semestre 2023. La fin du financement en capital-risque a contraint les entreprises à se tourner vers des moyens alternatifs de financement, ce qui est rarement envisageable pour une nouvelle startup.
Certaines entreprises, comme Fraîche Cancan (société fondée par Victoria Benhaim en 2017 spécialisée dans la restauration en système de cliqué-livré), sont victimes de plusieurs éléments : l’imposition du télétravail, l’inflation et la crise financière ont contribué à plonger cette entreprise innovante dans une situation difficile.
Face à une telle situation, une seule solution pour pallier l’absence de financement : la recherche de rentabilité. Or, la plupart des startups n’ont pas encore trouvé leur modèle économique. Cette recherche de rentabilité s’avère d’autant plus ardue pour les entreprises innovantes qui privilégient l’investissement en R&D. Pourtant, limiter les dépenses et concentrer ses efforts pour rééquilibrer la trésorerie semble être la seule option pour maintenir son activité en attendant le retour des investisseurs.
C’est pourquoi, du fait des tensions économiques et de l’absence de rentabilité, de nombreuses startups se tournent vers les administrateurs judiciaires.
Les entrepreneurs dont la société fait l’objet d’un redressement ne doivent cependant pas désespérer pour autant. Une telle procédure offre l’opportunité de renégocier les dettes de l’entreprise avec ses créanciers, en étalant les remboursements dans le temps ou en obtenant des réductions de créances.
Comment et pourquoi anticiper un éventuel redressement ?
Il est recommandé d’anticiper au maximum et de ne pas attendre que les échéances soient impayées pour engager des négociations avec les partenaires financiers.
En effet, le dirigeant anticipant le redressement judiciaire pourra gagner un temps précieux pour préparer un plan de redressement crédible.
Ainsi, l’anticipation permet d’accroître les chances de survie des activités de l’entreprise. Le dirigeant pourra de cette façon renégocier ses dettes, voire même obtenir le gel de ses dettes.
Cette anticipation suppose aussi une bonne connaissance de l’arsenal juridique à la disposition des entreprises en difficulté. En effet, les négociations peuvent être entamées en amont de la procédure collective, par une procédure amiable par exemple. La conciliation ou encore le mandat ad hoc ne sont plus réservés qu’aux grosses entreprises.
Il est donc essentiel pour l’entrepreneur, accompagné de ses investisseurs, d’étudier attentivement sa situation pour solliciter le plus tôt possible la protection des tribunaux.
Par ailleurs, de plus en plus de jeunes entreprises se tournent également vers les grands groupes afin d’être rachetées en proposant des produits innovants.
Une crise à relativiser ?
Selon le baromètre annuel de France Digitale et EY sur la « performance économique et sociale » du secteur, les startups françaises ont enregistré une croissance moyenne de leur chiffre d’affaires de 32% en 2022, soit 9 points de plus qu’entre 2021 et 2020.
Le taux de rentabilité au sein de la French Tech est lui aussi en hausse ; 30% des startups françaises se déclarant rentables, contre 23% l’année auparavant.
Autre espoir pour les acteurs entrant sur le marché, 55 % des entreprises interrogées pensent pouvoir atteindre le seuil de rentabilité d’ici à trois ans.
L’objectif est clair : il convient de trouver le juste équilibre entre croissance, rentabilité et innovation. Cet objectif n’en reste pas moins complexe à mettre en œuvre.
Quelle place pour MAQ dans une telle conjoncture ?
MAQ, par son statut particulier au cœur de l’écosystème des mandataires et administrateurs judiciaires, est aujourd’hui un acteur clé au sein de cette problématique. Grâce à ses services adaptés de pédagogie et de mise en relation, MAQ est à même d’accompagner les entrepreneurs en difficulté en contribuant à démocratiser la reprise d’actifs ou d’entreprises.
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